Pour réussir le processus de transition en cours, le Tchad doit chercher à mettre en place des mécanismes crédibles pour à la fois apaiser les effets douloureux des crises passées, mais aussi de regarder avec espoir vers l’avenir.
L’une des clés, c’est la mise en place d’une justice transitionnelle, estime l’Association Libre Afrique Tchad.
Dans une ambiance calme et attentive, se tient une conférence-débat sur le thème : La justice transitionnelle à l’ère de la volonté de refondation du Tchad organisée ce samedi 7 mai 2022, au CEFOD, de N’Djaména par l’Association Libre Afrique Tchad, un think tank tchadien.
Cette conférence, qui entend promouvoir des idées pour construire le futur du Tchad, est animée par les juristes et socio anthropologues. Il s’agit entre autres de docteur Lambatim Hélène, Gondeu Ladiba, M. Ali Mboudou et Massalbaye Ténébaye.
Pour le président de Libre Afrique Tchad, M. Adoumadji Madjastan Magloire, cette conférence s’inscrit dans le cadre des travaux de réflexion qui visent à apporter des contributions pour la construction d’un Tchad nouveau dans lequel chacun peut vivre librement dans le respect des différences.
Tout a commencé par le rappel des événements qui ont marqué la vie politique du Tchad dès son indépendance jusqu’aujourd’hui. «L’indépendance du Tchad est mal négociée dès le départ. Toutes les revendications s’élèvent au lendemain de son indépendance au profit d’une crise à répétition que personne n’a cherché à résoudre », rappelle au public, M. Massalbaye Ténébaye, militant des droits humains et ancien président de la Ligue Tchadienne des droits de l’Homme (LTDH).
En cette période de transition, tous les tchadiens aspirent à un nouveau départ pour le Tchad. Un renouveau impossible si les blessures du passé ne sont pas pansées. C’est ainsi que Libre Afrique Tchad propose de réfléchir sur la justice transitionnelle au moment même où les travaux préparatifs au dialogue national amorcent leur dernier virage.
La justice transitionnelle est « une tentative de résolution des problèmes en vue de construire le futur en tenant compte du passé et du présent. », explique, docteur Lambatim Hélène, juriste et enseignante à l’université de N’Djamena. Pour elle, la justice transitionnelle dans le cadre de la transition au Tchad, c’est « l’exploration d’une possibilité qui se veut mettre en place pour trouver une solution idoine aux problèmes des tchadiens tels que, le vivre ensemble, le développement. »
La justice transitionnelle comporte quatre piliers dont le droit de savoir, le droit de la victime à la justice, le droit des victimes à la réparation et l’exigence de la non répétition.
Pour les panélistes, le peuple a droit à savoir la vérité sur ce qui s’est passé tout en bâtissant une mémoire collective. Le droit de la victime à la justice exige des enquêtes approfondies afin que le droit des victimes à la réparation soit appliqué.
Cependant il faut une conscience et une volonté politiques. Mais, déplorent les panélistes, au Tchad, la vérité a toujours été falsifiée car elle est considérée comme un sujet tabou.
Quelques points pour la refondation du Tchad ont été soulevés à cet effet. « On doit recréer, les avancées, les ratés, les moments de stagnations, les vecteurs, leurs effets. C’est un examen sur le passé pour préparer la refondation du pays », souligne docteur Gondeu Ladiba, socio-anthropologue.
Pour l’ensemble des panélistes, la justice transitionnelle est une justice plus sociétale que juridique.
A cet effet, pour un nouveau Tchad, il faut que les décideurs démontrent de la bonne volonté afin d’instaurer ce type de justice qui permet de faire la paix avec le passé et de regarder ensemble vers un avenir où tous les tchadiens sont réconciliés et travaillent ensemble dans l’unité.
MEMSOL NADJIYENAN MAYAN
