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Youssouf Azalo : L’enseignant non-voyant très apprécié par les élèves

Dix ans de carrière dans l’enseignement. Youssouf Azalo est parmi les rares enseignants non-voyants. Il dispense les cours d’Histoire-géographie dans de grands lycées de la capitale, N’Djaména. Portrait d’un prof bien apprécié par ses élèves.

Historien de formation, Azalo, était chargé de cours aux lycées Félix Eboué et de la Liberté, deux établissements qui comptent un nombre important d’élèves par classe. La pléthore n’a pas entaché sa réputation. Youssouf Azalo a su gérer avec professionnalisme son passage dans ces établissements. Durant ses heures de cours, les salles de classe sont pleines à craquer. Finalement, il sera muté au lycée de Goudji Charafa, dans le 10ème arrondissement à la sortie nord de la ville de N’Djaména.

Youssouf Azalo est lauréat de la 1ère promotion de l’Université Adam Barka d’Abéché, d’où il décroche une licence en Histoire. Ambitieux de poursuivre sa formation, il décide par la suite de s’envoler pour le Cameroun, à l’Université de Tchang, où il sort nanti d’une Maîtrise en Histoire.

Le natif du Batha, né le 13 mars 1980, a suivi ses études primaires à l’école « Saint Bernard Javier » de Kabalaye, dans la commune du 3ème arrondissement de N’Djaména, et le secondaire au Collège et Lycée Sacré Cœur. Avant d’être intégré à la fonction publique en 2010, comme professeur Histoire.


« Il maitrise bien ses matières (histoire-géographie). Il nous tient même en français », se réjouissent ses élèves.

Ce mercredi 17 juin, Youssouf était en plein devoir quand nous lui avons rendu visite au lycée de Goudji Charafa, une fois les copies ramassées, il se fait lire par un de ses amis avant d’attribuer une note par rapport au travail de l’élève.

Pour aider les candidats au baccalauréat, il organise aussi des cours de soutien dans l’après-midi pour traiter les sujets type bac.

Azalo fait partie des enseignants qui sont retenus régulièrement pour la correction des copies des candidats non voyant au baccalauréat.


Le proviseur du Lycée de Goudji Charafa M. Ibrahim Adam Hassan affirme que l’enseignant Youssouf Azalo fait bien son travail avec amour et conviction. « Malgré les arrêts répétitifs de cours, il a exécuté ses cours à plus de 70 % », encourage-t-il.

Caché derrière ses lunettes noires et malgré son handicap, le prof n’a pas baissé ses bras. Il a tout fait pour surmonter les obstacles pour réussir dans sa vie. « Etant humain, on a toujours des obstacles et qu’il va falloir qu’on les surmonte autant qu’on le peut. Chaque jour que Dieu fait, je me bats. Je deviens esclave de l’apprentissage, esclave de connaissances. J’apprends auprès des petits enfants, auprès de tout le monde. C’est comme ça que j’essaie de me perfectionner. Par ce que je suis manqué cruellement des documentations. Je suis sous documenté, étant donné que le braille dans lequel j’écris et prépare mes leçons n’est pas du tout encouragé ou du moins connu au Tchad, c’est la raison pour laquelle, il me manque les documents. Mais je me réfère à la documentation que les autres utilisent pour préparer mes cours », confie l’enseignant non-voyant.

Youssouf Azalo entretient une parfaite relation et collaboration avec l’administration ainsi que ses élèves. « Mes élèves me respectent et je les respecte aussi », ajoute-t-il.

En termes de difficultés, il a énuméré le manque du moyen de déplacement ainsi que la documentation en braille et l’ordinateur équipé par des logiciels réservés pour les personnes malvoyant.
Youssouf Azalo remercie ses parents qu’ils l’ont aidés à réussir et réalisé son rêve d’être aujourd’hui enseignant. « J’ai été aidé par mes parents pour réussir. J’étais soutenu par ma mère, mon père, bref par tout le monde » souligne-t-il.

Il estime qu’un handicap n’est pas un obstacle pour réussir dans sa vie. L’enseignant Azalo demande aux parents qui ont des enfants en situation d’handicaps d’encourager leurs progénitures à suivre au moins une formation même en dehors de l’école pour leur permettre de s’insérer dans la vie active et se prendre en charge financièrement. « Le handicap n’est pas une fin en soi. Il n’est pas une malédiction. Il faut toujours tenter de braver ses obstacles et ça passera. Je ne suis pas le seul et y en a beaucoup d’autres qui ont réussi et contenue par oser pour réussir », conseille-t-il à ses frères en situation d’handicap.

Le prof Youssouf Azalo déplore aussi le manque des structures d’accueil de formation en braille au Tchad.

Il interpelle ainsi, le ministère en charge de l’éducation nationale, le ministère de la santé publique à travers sa direction des affaires sociales de fournir plus d’efforts pour éduquer ces enfants en situation de déficience-visuelle soient réellement éduqués en bon terme.

MSK. Lawandji

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