mercredi, mai 1, 2024
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Santé : Des jeunes écolières à l’épreuve de la première menstruation

Les premiers cycles menstruels arrivent chez les filles à l’âge de 11 à 14 ans, alors qu’elles sont encore au primaire, pour la plupart d’entre elles. Il est très difficile, pour elles, de gérer des cas de menstruation.

A N’Djamena, surtout, ces élèves écolières sont parfois victimes de moquerie de la part de leurs camardes de classes, de sexe opposé. Une situation déconcertante qui les oblige, parfois, à abandonner l’école ou à s’absenter de cours pendant plusieurs jours.

Il est 9 heures 15 minutes, ce jeudi 19 octobre 2023, à l’école primaire de la Rue de 40 mètres, dans la commune du 2ème arrondissement de N’Djaména. La cloche sonne. C’est l’heure de la première récréation de 15 minutes accordée aux écoliers.

La joie se lit sur les visages.  Certains élèves, en groupe, se lancent dans des jeux et des courses. D’autres se bousculent tout autour  des femmes vendeuses, installées dans la cour de l’école, pour chercher quoi mettre sous la dent.

D’autres, encore, se permutent de chemin vers les deux toilettes mixtes pour se soulager, malgré qu’ils soient dans un état d’insalubrité indescriptible.

D’autres filles préfèrent aller se mettre à l’aise chez leurs camarades dont la concession se situe près de l’école.

Assises sous l’ombre d’un arbre, trois jeunes écolières dégustent de la patate douce et du criquet frit. L’une d’elles, Halimé Abdel, âgée de 15 ans, est en deuxième année de cours moyen (CM2). Visiblement bien éveillée que ses deux camarades, Halimé discute avec elles au sujet du cycle menstruel. Elle leur chuchote d’utiliser des couches hygiéniques, en cas de saignement

. Halimé a commencé à voir ses règles depuis deux ans, quand elle était encore en deuxième année de  cours élémentaire (CE2). Elle garde encore en mémoire ses premières règles. « J’avais eu peur et très honte », souffle-t-elle à ses camardes. « Nous étions en plein cours de calcul écrit que je m’efforçais toujours à comprendre. Subitement, je voyais le sang sortir de moi et je paniquais toute seule. Heureusement, en m’observant, la maîtresse m’a comprise et m’a retirée au bureau, pour s’occuper de moi, et j’ai fini par rentrer. Son soutien m’a été très important que je n’oublierai jamais. J’étais à la maison pendant quelques jours, avant de reprendre les cours », se rappelle-t-elle. « Je vais continuer mes études pour devenir gynécologue, afin d’aider les femmes, surtout les jeunes filles sur leur cycle menstruel », projette-t-elle.

Mme Gassaety Bealbaye, directrice de l’école Gardolé A

A l’école du Centre A du quartier Gardolé, dans le 3ème arrondissement, la directrice, Mme Gassaety Bealbaye, confie que, parfois, des jeunes filles, âgées entre 11 à 12 ans, voient leur premier cycle menstruel.

Et, les cas sont généralement gérés par les enseignants, qui les orientent par la suite, aux services de santé scolaires, pour une prise en charge. « Pendant la période menstruelle, certaines filles font deux à trois jours à la maison. Si elles ratent les devoirs, nous sommes obligés de reprendre pour elles, avec les mêmes exercices. L’année dernière, cinq cas ont été enregistrés dans mon école », renseigne Mme Gassaety Bealbaye qui conseille aux jeunes écolières de ne pas avoir honte.

L’institutrice en charge de la classe de CM2, à l’école de Sabangali, Mme Haoua Hissein, affirme, elle, avoir vécu des cas, avec des écolières de CE2.  « Nous avons une leçon consacrée entièrement à la menstruation. Je profite de ce moment pour donner des conseils aux filles. J’insiste et je rassure les écolières, que toute fille doit passer par cette étape pour devenir femme », renchérit Mme Haoua Hissein, en déplorant la suppression du cours dédié à l’éducation des filles et à la santé sexuelle.

Cette situation qui est une véritable épreuve pour les écolières et une des entraves à la scolarisation des filles interpelle certaines organisations à l’exemple de l’Association des Femmes de soutien à l’Education qui s’attaque à l’abandon de l’école par les filles, en menant de campagnes de sensibilisation.  « Bientôt l’opération de distribution sera lancée, avec la confection de plusieurs kits hygiéniques réutilisables », rassure la coordinatrice de l’Association, Mme Maimouna Alkatir.

Le Chef de services de Santé Scolaires, Universitaires et Sportifs du Ministère de l’Education Nationale et de la Promotion civique, Dr Mahamat Djaber

Pour le Chef de services de Santé Scolaires du Ministère de l’Education Nationale Dr Mahamat Djaber, des infirmeries sont disponibles dans cinq établissements scolaires de la capitale, pour un accompagnement physiologique aux filles en période de menstruation. « Les menstrues ne sont pas pathologiques, mais physiologiques. Jadis, les filles ne voient leurs premières règles qu’’à l’âge de 18 ans,  aujourd’hui ce n’est pas le cas. Entre 11 à 12 ans seulement,  elles commencent leur menstruation. C’est un phénomène d’accélération de croissance chez les jeunes filles », explique –t-il. Il  propose la construction des toilettes distinctes, pour le respect de l’intimité de jeunes filles.

Certes, la création des conditions favorables à l’apprentissage en faveur des filles préoccupe le Ministère de l’Education Nationale et ses partenaires dont le Fonds des Nations-unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), avec le lancement du projet « Briser les barrières d’accès à l’éducation des filles et adolescentes au Tchad », en vue de favoriser leur maintien à l’école. Mais beaucoup reste à faire, surtout que la menstruation constitue une barrière à ne pas négliger.

Mahamat Adoum Issa

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