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Depuis plusieurs jours, la capitale tchadienne et plusieurs villes des provinces sont confrontées à une pénurie de gaz butane, provoquant de longues files d’attente devant les rares points de vente encore approvisionnés. Dans certains quartiers, les habitants étaient contraints de se déplacer avec leurs bouteilles à la recherche d’un revendeur.

Le phénomène a suscité incompréhension et colère au sein des ménages, d’autant que le bois de chauffe et le charbon sont interdits pour des raisons environnementales. Le gaz butane constitue ainsi la principale énergie domestique pour la cuisson.

Selon les informations recueillies par Tchadinfos, la raffinerie de Djarmaya, située à quelques kilomètres de la capitale, produit en moyenne sept citernes de gaz par jour, alors que la demande nationale atteint douze citernes quotidiennes. Pour combler ce déficit structurel, le régulateur du secteur, l’Autorité de régulation du secteur des hydrocarbures aval du Tchad (ARSAT), a autorisé l’importation de cinq citernes supplémentaires par jour, permettant jusqu’ici d’équilibrer le marché.

Mais cette chaîne d’approvisionnement a été fortement perturbée par les récents événements politiques au Cameroun. Les manifestations post-électorales ont paralysé pendant près de douze jours le corridor Douala–N’Djamena, axe vital pour le ravitaillement du Tchad, provoquant également une baisse de l’arrivée de fruits, légumes et autres marchandises ces derniers jours.

« La logistique était quasiment à l’arrêt. Cela a rompu le rythme bien huilé de la distribution du gaz dans tout le pays », explique un cadre du secteur, sous couvert d’anonymat.

Contactée par Tchadinfos, la ministre du Pétrole, Mme Ndolenodji Alixe Naïmbaye, assure que le retour à la normale est désormais engagé. « Les flux ont repris sur le corridor Douala–N’Djamena. Grâce à la coordination avec nos partenaires camerounais, les livraisons ont recommencé depuis lundi dernier », affirme-t-elle.

« Nous prévoyons un rétablissement complet d’ici demain soir. Les populations peuvent être rassurées, il n’y a aucune rupture durable, seulement un retard conjoncturel lié à un événement extérieur », ajoute la ministre.

Interrogée sur le déficit de communication constaté au début de la crise, la ministre a tenu à clarifier les raisons de cette réserve. Selon elle, « il est plus aisé de communiquer lorsqu’un problème conjoncturel national crée une pénurie effective. Mais lorsqu’il s’agit de paramètres externes, indépendants de notre organisation interne, la communication prématurée peut produire des effets contraires ». Elle explique qu’une annonce trop anticipée aurait pu provoquer, comme par le passé, « la prise d’assaut et parfois même la séquestration des rares stocks disponibles, ou encore des phénomènes de spéculation sur les produits encore sur le marché ».

La crise n’a pas touché uniquement le Tchad, d’autres pays dépendants du port de Douala, ont subi les mêmes perturbations.

Pour les autorités, cette situation vient confirmer la nécessité de renforcer la résilience logistique du pays. Mais elles appellent surtout au calme. « Il n’y a jamais eu de pénurie de production, ni de problème à la raffinerie. La demande est stable, les volumes sont là et la distribution reprend normalement », insiste une source au niveau du régulateur.

Une source douanière confirme que plus d’une centaine de citernes et camions de marchandises sont en route pour rejoindre le territoire tchadien. Avec la reprise du trafic sur le corridor camerounais et le déploiement accéléré des citernes déjà en transit, les stocks devraient progressivement se reconstituer dans les prochains jours, mettant fin aux tensions observées dans les quartiers de N’Djamena et des provinces.

Source : Tchadinfos

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