Les autorités nigérianes ont annoncé, samedi à Abuja, la capture de deux figures majeures du groupe jihadiste Ansaru, une faction dissidente de Boko Haram liée à Al-Qaïda, lors d’une opération antiterroriste menée entre mai et juillet 2025.
Le Bureau du Conseiller à la sécurité nationale (ONSA) du Nigéria, qui organisait un point de presse, a précisé qu’une opération, conduite sur la base de renseignements approfondis et en coopération inter-agences, a permis l’arrestation de Mahmud Muhammad Usman, alias Abu Bara’a, chef autoproclamé d’Ansaru, et de son adjoint Mahmud al-Nigeri, alias Mallam Mamuda.
Deux figures historiques aux arrêts
Abu Bara’a, cerveau présumé de multiples attaques et enlèvements, coordonnait depuis plusieurs années des cellules dormantes du groupe à travers le pays. Son adjoint Mamuda, décrit comme chef de la cellule « Mahmudawa », opérait autour du parc national de Kainji, entre les États du Niger et du Kwara, jusqu’à la frontière béninoise.
Selon l’ONSA, Mamuda avait reçu une formation militaire et idéologique en Libye entre 2013 et 2015, sous la supervision d’instructeurs jihadistes étrangers.
Un lourd passif d’attaques
Les deux hommes figurent depuis des années sur la liste des plus recherchés du Nigéria et sont liés à plusieurs attaques retentissantes, dont l’évasion de la prison de Kuje en 2022, l’enlèvement de l’ingénieur français Francis Collomp en 2013 à Katsina, ainsi que l’enlèvement, en mai 2019, d’Alhaji Musa Umar Uba, membre de la famille royale de Daura. Ils seraient également impliqués dans l’attaque d’une usine d’uranium au Niger et dans l’enlèvement de l’émir de Wawa.
Leur arrestation constitue, selon Abuja, « le coup le plus décisif porté contre Ansaru depuis sa création en 2012 ».
Un tournant dans la lutte antiterroriste
Créé en janvier 2012 à Kano, Ansaru s’était présenté comme une alternative à Boko Haram, avant d’adopter une ligne radicale alignée sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le groupe s’était spécialisé dans les attaques contre les forces de sécurité, les civils et les infrastructures étatiques, tout en multipliant les enlèvements à rançon pour financer ses activités.
Sa base opérationnelle s’était consolidée dans les zones forestières du nord-ouest, notamment autour du parc national Kainji. En 2021, Ansaru a fait allégeance au Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), filiale sahélienne d’AQMI.
L’ONSA estime que la neutralisation du leadership du groupe ouvre la voie à son « annihilation complète » et illustre les « capacités antiterroristes avancées du Nigéria ». Du matériel sensible et des preuves numériques récupérées lors de l’opération font encore l’objet d’analyses.
Soutien présidentiel et appel à la vigilance
Dans sa déclaration, le Conseiller à la sécurité nationale a salué « l’appui stratégique » du président Bola Ahmed Tinubu, ainsi que la collaboration entre les forces armées, les services de renseignement et de sécurité.
Il a par ailleurs exhorté les Nigérians à demeurer vigilants et à coopérer avec les autorités en transmettant toute information utile, rappelant que « la sécurité nationale est une responsabilité partagée ».
Apanews