lundi, décembre 2, 2024
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Editorial : Qui pourra sauver le football tchadien ?

Le football tchadien agonise. Quoi de plus compliqué ! les récents mauvais résultats des Sao sont la preuve palpable que le football tchadien se trouve depuis des années dans le coma, attendant impatiemment, un médecin pour sa réanimation. Mais qui est donc ce médecin humaniste, volontaire et capable de le réanimer ?

En effet, éliminés de la course pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Maroc 2025 avec seulement trois points en six matchs, trois défaites, les Sao du Tchad se trouvent derniers de leur poule. Il faut non plus oublier l’unique but marqué avec justesse, sur penalty contre huit encaissés, au cours de cette phase éliminatoire.

La défaite humiliante des Poulains de Kévin Nicaise, ce 19 novembre 2024, face aux éléphants sur la pelouse Houphet Bogny à Abidjan accentue le degré de la situation du football tchadien.
Parlant de l’échec du Tchad à la qualification pour la CAN Maroc 2025, certains techniciens imputent une part de responsabilité à l’État, jugé très impliqué dans la préparation de l’équipe nationale, dont la gestion repose pourtant sur le budget public.
De plus, certains entraîneurs locaux se sentent négligés par le sélectionneur national, qui ne les a jamais consultés.

Cependant, le vrai problème de cette discipline unificatrice se situe à quel niveau ?

Depuis la disqualification des Sao et surtout après leur dernier match, des langues s’élèvent pour relever à tort ou à raison ce qui n’a pas marché.

A vrai dire, le problème du football tchadien ne réside non seulement dans l’absence d’un Bureau exécutif à la Fédération Tchadienne de Football Association, mais aussi et surtout au niveau de structure et d’organisation qui place d’ailleurs cette discipline à la traîne depuis longtemps.

Tenez! Le Tchad, ce grand pays, terre des géants, « les Sao », nom que porte l’équipe nationale, ne compte qu’un seul stade opérationnel. Allusion faite au stade de Paris-Congo à N’Djaména, utilisé tous les jours pour les entraînements et les matchs. La nuit, il sert aux sportifs de maintien.

Là encore, le tapis synthétique est usé, occasionnant quotidiennement des blessures chez les jeunes joueurs. Ce manque criard d’infrastructures se fait sentir à tous les niveaux. Il n’existe que 7 stades, dans un état de délabrement avancé.

À N’Djaména, les terrains de jeu ont été attribués par l’État à des particuliers, réduisant la chance de dénicher les espaces pour les jeunes talents. Les centres de formation, faute de cadres adéquats pour les entraînements, ont fermé boutique.

A titre d’exemple, l’hippodrome et le « terrain Poste », utilisés par bon nombre de clubs et centres, ont été attribués à un pays ami pour la construction d’un centre de formation en agronomie ainsi qu’une école étatique.

Une autre difficulté majeure du football tchadien est l’absence de compétitions régulières pour les jeunes, dans les différentes catégories. Un véritable championnat national permettant de repérer les jeunes talents pour renforcer l’équipe nationale fait également défaut.
Les joueurs des clubs locaux reçoivent une modique somme de 1.000 francs CFA par entraînement pour leurs déplacements et une rémunération mensuelle qui varie entre 45.000 francs à 60.000 francs CFA.

Parmi les 23 ligues, seule, celle de N’Djaména parvient, depuis trois ans, à organiser un championnat régulier, malgré le manque de sponsors pour les clubs et la ligue.

Il est important de relever que, d’autres disciplines sportives n’ont pas organisé de championnat national depuis quatre ans, faute de financement. Conséquences, échec aux compétitions continentales.

Dans des conditions pareilles, comment espérer une qualification dans les compétitions continentales ? Les États Généraux des Sports et l’Assemblée générale pourront-ils redonner au football tchadien, ses lettres de noblesse ?

Avec l’annonce d’une nouvelle Assemblée générale à la Fédération Tchadienne de Football Association, les acteurs du football doivent choisir des dirigeants capables de développer le football.

Des dirigeants qui disposent d’une moralité irréprochable, et non ceux animés par la recherche de la richesse.
Le football doit revenir aux vrais footballeurs, non pas à ceux, motivés par des intérêts égoïstes et personnels.

Somme toute, sans une politique gouvernementale visant à développer le sport en général et le football en particulier, personne ne pourra sauver le football tchadien. Il faut du sérieux et de l’investissement à fond, sans complaisance.

Mahamat Adoum Issa

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