vendredi, avril 26, 2024
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EXCLUSIF : « Il faut dépolitiser le système éducatif tchadien », Ngartoïdé Blaise

Rentrée scolaire, conditions de reprise des activités scolaires, difficultés que rencontrent les enseignants, sont entre autres des sujets abordés avec le secrétaire général du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) M. Ngartoidé Blaise, dans un entretien avec votre journal.

Merci d’avoir accepté notre invitation, vous en tant que secrétaire général du SET, comment les enseignants préparent la rentrée scolaire 2020-2021 ?

Préparer la rentrée scolaire pour moi, suppose la préparation matérielle qui consiste donc au nettoyage de cours, d’espace pour permettre à une rentrée scolaire paisible. Elle se mesure par la présence des enseignants en poste. Cette préparation physique qui consiste également au nettoyage de tableaux, de classes. C’est ça la préparation dont il est question du coté des enseignants.

Avez-vous des conditions avant toute reprise des activités scolaires pour la nouvelle rentrée ?

Nous recevons de grognes de partout, par rapport donc à la nouvelle rentrée scolaire qui se pointe à l’horizon.  Ces grognes nécessitent de solutions adéquates. Et si le gouvernement tchadien ne trouve pas de solutions idoines à ces revendications que nous constatons dans les grognes de sections provinciales de partout là, il va avoir certainement perturbation de l’année scolaire 2020-2021.

Pourquoi les enseignants de N’Djamena ont posé des conditions alors que le SET est membre de la plateforme revendicative ? Est-ce que le SET veut revendiquer à seul ?

Vous savez le SET est très structuré. Le SET, dans son règlement intérieur, a prévu des actions sectorielles. On entend par les actions sectorielles les revendications des sections provinciales, les revendications aussi de sous organes. Euh bien la grève donc des sections provinciales sont permises.  Dans la mesure où il pose les questions de reprise cela nécessite une négociation avec une section provinciale qui pose des conditions de reprise de cours.  Donc à ce niveau là, les enseignants de la province de N’Djamena se retrouvent dans leur logique d’une section provinciale. Les communiqués qui sont partis pour attirer l’attention des gouvernants. Vous avez quand on parle de l’attention des gouvernants c’est ne pas l’attention du Maréchal Idriss Déby. C’est l’attention d’abord de l’IDEN (qui est une inspection départementale), du Délégué qui est le répondant du gouverneur au niveau local. Et donc c’est l’attention à tirer, tirer jusqu’au plus haut niveau. Si les attentions qui ont été tirées, les gens écoutent cette attention et bien ça marche. Donc nous, nous ne voyons pas pourquoi, nous devons condamner ceux qui ont commencé déjà les cries et les grognes. Je crois qu’ils sont dans leur logique.  

Quelles sont les principales difficultés dont rencontrent les enseignants dans leurs activités ?

Vous savez que le nombre de difficultés est assez long et grand. Les difficultés, nous avons le premier problème le déplacement des enseignants à l’époque où le système éducatif était encore le système éducatif. On mettait des véhicules qui déplacent l’enseignant d’un poste à un autre et ça ce n’est qu’un vieux souvenir, y en a plus.  Nous avons autre, ceux qui partent pour les zones les plus difficiles. Je voudrais parler du BET. Ceux-là ne bénéficient pas tellement des protections des autorités.  Nous recensons chaque fois les menaces de parents, des élèves eux-mêmes à arme en main. Tout ça là ça nécessite à ce que les autorités locales puissent garantir la sécurité des enseignants sur le terrain. Autre chose, aujourd’hui, le salaire ne permet que, de manger la boule. Nous avons le titre de transport qui dans le décret nous pensons que depuis six ans que les enseignants n’ont pas eus, on est déjà à double de titre de transport qui doivent être payés aux enseignants. Mais ils ne l’ont pas payé. C’est pourquoi, les enseignants vivent dans la précarité totale. Les difficultés sont nombreuses. On ne peut touts les citer ici.

Le SET a reçu une grosse somme pour organiser la fête du 5 octobre, cela suscite beaucoup des réactions en coulisse, que répondez-vous ?

(Rire). En tout cas, cette grosse somme a été annoncée par le ministre d’Etat M. Kalzeubé lors de sa visite à l’ONECS. Il a dit que, le SET a reçu 45 000 000 FCFA pour l’organisation de la Journée Mondiale des Enseignants (JME). Ceux qui parlent coulisses ne connaissent pas ce qui passe entre le gouvernement et le syndicat du secteur de l’éducation.  Ce n’est pas pour la première fois que le président de la République a mis à la disposition des syndicats de l’argent pour l’organisation de la JME. Vous savez que les festivités sont budgétisées. Il va falloir que toues les organisations syndicales réclament ça. Si c’est la fête du 1er mai, il faut que l’Etat mette à leur disposition de l’argent pour organiser cette fête. Et si c’est la JME, il faut que l’Etat mette à leur disposition de l’argent pour organiser cette journée. Les 45 000 000 FCFA dont il est question, doivent être répartis entre les dix syndicats du secteur de l’éducation. Je crois que ceux qui connaissent mal le SET peuvent dire de choses en coulisses. Mais moi j’assiste à des festivités de JME où on nous donnait régulièrement de l’argent pour l’organiser. C’est depuis que y avait la crise là qu’on ne reçoit pas. Mais ça ne peut pas être une occasion pour le ministre d’Etat de dire que non, non le SET a reçu de l’argent. C’était de l’argent légal. Puisque s’est budgétisé et on doit donner aux organisations syndicales pour l’organisation de la JME. On ne doit pas aller sur le toit pour crier dessus. Non ce n’est pas une somme qui permette à satisfaire les revendications des enseignants. L’argent est destiné pour la JME et devait être repartis entre les dix syndicats du secteur de l’éducation. Cette somme n’est pas destinée au SET lui seul.   

Le SET revendique toujours d’augmentation des primes et autres, pourquoi, vous ne revendiquez pas des terrains comme l’ont fait les enseignants du supérieur ?

Nous ne voyons que l’augmentation de salaires, de primes et autres. Ça c’est une vérité. Vous réveillez les esprits. Nous allons donc nous mettre à réfléchir qu’il ne fallait pas revendiquer d’autres choses que de l’augmentation de primes et de salaires. Je vois bien que là, on s’écrit dans une autre dynamique, la revendication de la qualité de l’enseignement. Par ce que nous ne sommes pas une organisation syndicale qui ne revendique que les intérêts moraux et matériels de travailleurs. Nous devons défendre la qualité de l’enseignement, la qualité des enseignants qu’on recrute. Tout ça c’est notre travail. Donc c’est en vision, c’est en réflexion et nous allons ajouter à cela le terrain. Il faut que dans toutes les provinces qu’on attribue de terrain aux enseignants même si on ne leur construit pas les maisons à crédit comme à l’époque. Mais qu’on leur distribue quand même de terrain pour leur permettre qu’eux-mêmes se débrouillent à construire leur terrain.  Vraiment nous vous remercions d’avoir intégré cette question dans le protocole.

L’enseignant tchadien vit dans la précarité, comment faire pour sortir de cette situation ?

Nous avons visité le Soudan. Nous nous sommes rendu compte que l’organisation syndicale des enseignants au Soudan, fait de choses que vous ne pouvez pas imaginer. Aujourd’hui, je vous dis toute une année, nous réclamons 5 000 FCFA de cotisation des enseignants.  Mais pour donner cette somme là, l’enseignant préfère plutôt donner cet argent à quelqu’un ou encore aller dans un débit de boisson boire l’alcool. Nous avons de vision, par exemple, nous avons signé une convention avec la société inter-bus, qui regroupe des médecins spécialistes du Soudan et d’Egypte. D’ailleurs, ce matin, je venais de déposer un malade enseignant pour être consulté et examiné, si le plateau technique ici leur permet, ils pourront l’opérer et le soigner. Sinon, le malade pourrait être évacué vers le Soudan ou l’Égypte. Dans cette coopération nous devons verser 35 000 FCFA pour être enrôlé. Il faudrait que vous les journalistes, vous nous aider à orienter les enseignants vers cette clinique.  Les frais de consultation c’est à 10 000 FCFA pour tout le monde. Or ils ont laissé à 4 000 FCFA pour l’enseignant si c’est un examen simple et 6 000 FCFA pour un spécialiste qui doit consulter le patient.  Tout ça dépend de notre cotisation. Au Soudan, les enseignants sont bien organisés. La cotisation est graduelle et échelonnée sur toute l’année. A la fin de l’année, c’est quasiment, le salaire d’un mois qui est prélevé pour la cotisation. Or, au Tchad, ça va être très difficile. Les enseignants tchadiens, diront tout de suite, que, cette cotisation sera dilapidée par les responsables syndicaux, « ils bouffent ça ».  Donc nous sommes confrontés à ces difficultés pour initier des projets qui doivent arranger la vie des enseignants. Je ne sais pas comment nous serons arrivés à les conscientiser mais voila un peu la réalité dans laquelle se trouve l’enseignant tchadien. 

Oui mais concrètement, comment faire ?

Il faut que le SET ait de l’argent pour créer la mutuelle, créer les écoles à son niveau, ou ouvrir les cliniques pourquoi pas ? Ce sont là les choses qui peuvent aider l’enseignant. Mais tout ça là nous pouvons les faire qu’avec l’argent.  Aujourd’hui, personne ne peut venir de lui-même pour s’acquitter de ses cotisations. Ou soit on les arrache à l’occasion de paiement de primes de BEF et autres. Un syndiqué qui attend à ce qu’on lui arrache sa cotisation mais il n’est pas votre militant. Voila un peu ça.

Quelles propositions concrètes dont le SET pourrait faire au gouvernement pour améliorer les conditions de vie de l’enseignant ?

Je crois qu’il faut s’assoir avec le SET. Le gouvernement avec le SET doivent s’assoir ensemble. Dans le décret 477, que le président de la République Idriss Deby Itno a signé il n’y a pas longtemps, beaucoup de choses doivent permettre d’améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants. Il faut que le SET s’asseye avec le gouvernement pour réfléchir à tout çà. Le décret prend en compte plusieurs volets dont la santé est restée, les frais de funérailles, entre autres. Il faut qu’on s’asseye pour regarder toutes les conditions qui permettent à ce que l’enseignant puisse travailler aisément, dans de conditions décentes et ça permet à ce que les enseignants puissent prendre conscience de la mission qui leur est dévolue. A partir là, nous pouvons donc ramener les consciences vers le travail qui leur a été confié par la nation. Nous sommes chargés d’être à coté du gouvernement pour éduquer la nation.  Ce n’est pas une mince mission, c’est une grande mission et donc nous sommes attelés à le faire. 

A quoi consiste de nos jours les écoles normales d’instituteurs (ENI) lorsqu’on sait que le niveau de l’instituteur d’hier, ne plus comme celui d’aujourd’hui, pourquoi ne pas fermer les ENI pour ne recruter que les diplômés en Licence pour enseigner dans le primaire comme les cours moyens ?

Nous avons toujours dit qu’il faut dépolitiser le système éducatif tchadien. Le recrutement à l’école normale doit obéir à la règle, c’est-à-dire on fait appel aux compétences. Vous méritez vous méritez, vous ne méritez pas, vous ne méritez pas, c’est tout. L’affinité, un cousin, mon beau, mon petit frère tout ça qui tue l’éducation en ce moment au Tchad. On n’a pas besoin de chercher, de trier le problème de maitres communautaires gratuitement. Nous avons des enseignants formés. Et ceux là, la qualité de la formation qu’ils ont reçue. Vous savez, un savant avait dit que « Dans la société la plus rationnelle, les meilleurs d’entre nous devaient espérer devenir des enseignants et le reste se contempler de chose de moins de valeur », fin de citation. Transmettre le savoir c’est celui qui est excellent qui peut transmettre aisément. C’est celui qui a le niveau qui peut transmettre le savoir. Mais alors vous prenez celui qui ne sait lui-même pas de conjuguer les verbes du 1er groupe à tous les temps, du 2ème groupe et celui là qui doit prendre un enfant. Allez y contempler les dégâts. Et donc ce qui est là comme obstacle, comme difficulté, c’est la volonté politique seule qui peut régler cette question. Il faut oublier tout ce qui est parent, affinité. Il faut faire un concours. Le concours, c’est celui qui mérite qui est admis et bien nous allons réussir à régler cette question de baisse de niveau des enseignants eux-mêmes.

Si on vous demandait de parler directement au président de la République, quel message direct, clair et concis, vous allez lui adresser ?

Je lui dirai Excellence Monsieur le président de la République laisse le système éducatif tchadien entre les mains de professionnel de l ‘éducation. Les techniciens rompus et tout allait marcher comme sur de roulette.  Ce c’est que j’allais dire au président de la République Idriss Déby Itno.

Entretien réalisé par MSK. Lawandji

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