Les vendeuses de manioc vivent entre survie et agressions quotidiennes dans plusieurs quartiers de N’Djaména, notamment les élèves vacancières qui vendent du manioc frais et sont souvent victimes d’agressions physiques et sexuelles.
À l’aube, des dizaines de jeunes filles, avec des récipients vides sur la tête, se rendent au bord du fleuve Chari, près du rond-point de la double voie, pour s’approvisionner en manioc frais auprès des maraîchers.
Derrière cette activité de survie, qui leur permet de préparer la rentrée scolaire en achetant leurs fournitures et en payant les frais de scolarité, se cachent de nombreux risques.
Certaines mettent même leur vie en danger en empruntant des pirogues pour aller chercher du manioc.
« Le fleuve peut nous tuer à tout moment. L’année dernière, une de mes amies a failli se noyer. Chaque année, nous perdons des sœurs par noyade », confie Mariam Eldjima, 19 ans, élève et vendeuse de manioc depuis plus de trois ans.
Elle raconte que parfois les piroguiers accostent loin du rivage, obligeant les filles à marcher dans l’eau jusqu’aux genoux, portant leurs récipients sur la tête.
Ces jeunes vendeuses parcourent aussi la ville à pied, malgré la pluie et l’insécurité, et sont exposées aux agressions.
« Un agent de sécurité au centre-ville a tenté de me violer. Il m’a tirée de force dans sa chambre. J’ai crié et, grâce aux passants, j’ai pu être sauvée », témoigne une vendeuse sous un arbre. Elle estime aussi que certaines filles s’aventurent dans des quartiers à risque.
Nelem Chantal, 22 ans, mère d’un enfant, partage son expérience que « Des hommes nous embêtent tous les jours. Une fois, un voleur m’a arraché ma recette journalière. J’ai crié, mais personne n’est intervenu. »
Ces jeunes vendeuses de manioc lancent un appel aux autorités pour assurer leur sécurité, alors qu’elles se battent pour subvenir à leurs besoins et améliorer leurs conditions de vie.