Un phénomène étonnant se développe depuis quelque temps au cimetière de Toukra, dans la commune du 9ᵉ arrondissement de N’Djaména. Lors des enterrements, des femmes et des enfants profitent de la présence des familles endeuillées pour vendre des gâteaux, du jus d’oseille, des pistaches, du manioc cuit et de l’eau.
Ce lieu de recueillement est ainsi devenu un espace d’activités commerciales, où certaines femmes voient une opportunité de gagner leur vie. Cependant, les conditions dans lesquelles ces aliments sont vendus soulèvent des inquiétudes les mains souvent sales, après avoir touché le sable ou creusé des tombes, manipulent directement la nourriture, sans lavage préalable.
Dans les allées poussiéreuses du cimetière, Debssé Charlotte explique que « Beaucoup viennent de loin et passent des heures ici. Alors, nous profitons pour vendre un peu. Cela nous aide à nourrir nos familles. »
À ses côtés, une autre vendeuse, habituée des lieux, propose cacahuètes et gâteaux depuis plusieurs années. « On mange parce qu’on a faim, mais on ne pense pas toujours à se laver les mains », confie un consommateur, Alfred Madji.
Cette pratique soulève des préoccupations sanitaires et culturelles. Pour certains, consommer des aliments dans un lieu de sépulture fragilise les repères sociaux liés au respect des morts. « Le cimetière est un espace sacré, un lieu de mémoire », rappelle un proche d’une défunte.
Paroumdjé Aubin, de son côté, alerte sur les risques, « L’absence d’hygiène expose à des maladies digestives et banalise les dangers. »
Plutôt qu’une interdiction, certains appellent à des solutions pragmatiques entre autres, la mise en place de points d’eau potable, sensibilisation sur l’hygiène, et encadrement de cette activité pour préserver à la fois la dignité des lieux et la survie économique des vendeurs.
Sagnoudji Francine